Avouez… il y a des questions sur le vin que vous n’osez jamais poser. Et encore moins à votre caviste ! Et pourtant, nous sommes là pour y répondre. L’univers de la vigne et du raisin est plein de mythes et d’idées fausses que nous sommes prêts à déconstruire pour vous. Et en particulier en ce qui concerne le vin rosé ! Dans cet article, on répond aux questions inavouables que vous vous posez sur ce vin parfois mal considéré. C’est parti !
1 - Le vin rosé, un mélange de vin rouge et de vin blanc ?
Faites le test pour voir ! Si vous mélangez un verre de vin blanc et un verre de vin rouge, il y a fort à parier que cela n’aura pas le goût habituel d’un rosé !
Blague à part, il existe 2 grandes familles de rosés :
- les rosés d’assemblage, qui résultent effectivement d’un mélange de vin rouge et de blanc ;
- les rosés de fabrication traditionnelle.
Officiellement, la réglementation française et européenne interdit les rosés d’assemblage ! D’autres pays dans le monde l’autorisent. Certains vignerons, comme le Domaine de la Cavalière ou le Domaine de l’Or Vert, s’autorisent à apporter plus de fraîcheur à leurs vins rouges en y ajoutant une touche de blanc.
En principe, une seule région viticole de France très célèbre est autorisée à déroger à cette règle : la Champagne. Eh oui, pour faire du champagne rosé AOP, les vignerons peuvent mélanger du vin blanc et du vin rouge avant la seconde fermentation en bouteille.
Cela dit, ce n’est pas l’unique façon de créer du champagne rosé ! Il est aussi possible d’utiliser les méthodes traditionnelles de fabrication. On vous explique ça un peu plus bas.
2 - Pourquoi le rosé est-il rose ?
Du coup, si on ne mélange pas du rouge et du blanc… Pourquoi le vin rosé est-il rose ?
Le rosé est fabriqué à partir de raisins à peau rouge, c’est donc un vin de la famille des vins rouges. La différence, c’est que le jus est pressé rapidement et ne macère pas avec la peau très longtemps. C’est pourquoi on obtient alors une couleur plus claire, et plus rosée.
3 - Quand a été inventé le rosé ?
Le rosé, un vin sans histoire ? C’est faux !
Il s’agit d’un des premiers vins de l’histoire, datant de l’Antiquité ! A l’époque, les vins produits dans le bassin méditerranéen sont des rouges. Mais leur méthode de production leur donne une couleur très claire. Le raisin était foulé, puis débarrassé de ses matières colorantes comme la peau et la pulpe. Le jus était ensuite mis directement en fermentation : pas de contact avec les moûts, pas de cuvaison, pas d’élevage.
Le résultat ? Un vin rouge très clair, que les Romains appelaient vinum clarum. Jusque là, le terme de vin rosé n’existe pas vraiment. C’est finalement à la cour de Louis XIV que le 1er vin désigné rosé de France fait officiellement son apparition !
Dans les pays francophones, le vin rosé était appelé « clairet », comme la cuvée Rouget du Domaine de l'Or Vert, « claret », « gris de perle » ou encore « œil-de-perdrix », comme la cuvée éponyme du Domaine Doyard en Champagne.
4 - Comment faire du rosé ?
Si vous avez bien suivi, vous savez maintenant que la production de rosé d’assemblage est interdite en France (sauf pour l’AOP Champagne). Inutile donc de vous lancer dans des mélanges improbables à la maison, si vous voulez produire du « vrai » rosé, digne d’un vin d’appellation.
Alors, comment est fait le rosé ? Il existe 3 méthodes de fabrication :
Méthode 1 : le vin rosé de macération
- Vendangez les raisins noirs.
- Mettez-les en cuve jusqu'à 24 heures maximum afin que les baies libèrent la pulpe, la peau, les pépins et le jus de raisin. C’est à ce moment que les pigments et les arômes contenus dans la pellicule du raisin vont imprégner le jus, pour lui donner sa belle couleur rosée !
- Pressez le moût pour séparer la peau et les pépins du jus.
- Laissez fermenter le jus de raisin à basse température (18-20 °C) pour préserver les arômes.
Chez Côté Vins, vous trouverez par exemple Le domaine de Figueirasse ou le Vignoble Bodin parmi nos vins rosé de macération.
Méthode 2 : le vin rosé de pressurage
- Vendangez les raisins noirs.
- Pressez directement les grappes entières ou éraflées juste après la vendange.
- Mettez le jus en cuve pour débuter la fermentation.
Ce type de rosé sera plus clair que le rosé de macération. Le Domaine de la Grande Sieste ou le Château Peyrassol sont des exemples de vin rosé de pressurage que vous trouverez chez votre caviste préféré (nous, évidemment).
Méthode 3 : le vin rosé de saignée
- Vendangez les raisins noirs.
- Mettez-les en cuve, comme pour le rosé de macération. La différence, c’est la cuve ! Celle que vous choisissez doit être destinée à la base à produire du vin rouge.
- Laissez macérer quelques heures (environ 8 à 12 h en général).
- Libérez une partie du jus, pour le vinifier à part. Il aura déjà pris une teinte rosée.
- Gardez le reste de la vendange dans la cuve initiale pour produire du vin rouge.
Parmi les vins rosés de saignée, vous trouverez chez nous notamment le Domaine Maby, le Clos des Jarres ou encore le Domaine de la Mordorée.
On vous présente ça comme des recettes de cuisine pour simplifier, mais en vrai, la fabrication d’un bon vin rosé exige évidemment un savoir-faire très technique et toute l'expérience de vignerons passionnés.
5 - Le bon rosé est-il forcément clair ?
Vous avez dû remarquer que tous les rosés n’ont pas la même couleur. Une idée fausse très répandue voudrait que les meilleurs rosés soient les plus clairs.
Pas forcément ! La couleur finale du vin rosé dépend de nombreux facteurs comme le cépage utilisé, le terroir, la maturité des raisins, la durée de macération et le type de vinification, etc. C’est pourquoi la couleur des vins rosés peut varier du rose pâle au rose foncé. D’ailleurs, ce n’est pas parce qu’un vin est clair qu’il est plus léger.
Aux quatre coins de la planète, on produit des rosés très différents ! La France est le 1er pays producteur de rosé, mais on en trouve aussi aux Etats-Unis, en Italie, au Portugal, en Espagne, en Autriche, Australie, Afrique du Sud, au Chili, etc. Ça commence à faire du monde ! Cette diversité illustre déjà la démultiplication de l’approche de culture et production du vin rosé, sans parler des variations de terroirs internes au pays.
6 - Le rosé haut de gamme, ça existe ?
Perçu comme l’éternel breuvage des barbecues d’été, le rosé est bien plus que cela !
Parfaits pour accompagner du poisson grillé, une viande blanche ou des plats orientaux, les vins rosés sont sévèrement montés en gamme ces dernières années. À la carte de nombreux restaurants étoilés, certains Côtes-de-Provence comme le Château Peyrassol, ou des Bandol comme les domaines Tempier ou Terrebrune, jouent des coudes avec de grands vins rouges ou blancs.
Le prix d’un bon rosé chez nous démarre à environ 8,5 €, mais les rosés les plus chers du monde se négocient entre 100 et 200 € la bouteille !
Le rosé Tavel de la Vallée du Rhône est notamment considéré par de nombreux gastronomes comme le meilleur rosé du monde. Le domaine de l’Anglore situé à Tavel est une pépite particulièrement recherchée par les amateurs de vin avertis, tout comme les vins de Romain Le Bars, du Clos des Grillons ou du Domaine de la Mordorée.
Découvrez aussi notre article sur les labels du vin.
7 - Le rosé, une boisson d'été uniquement ?
C’est le mois de juillet, il fait chaud. Les cigales au loin, un repas entre amis, un verre de rosé pour se rafraîchir. Vous vous y voyez déjà ? On parie que oui ! Dans l’imaginaire collectif, le rosé est avant tout la reine des boissons estivales.
Sauf qu’en réalité, le rosé se boit toute l’année ! Il n’y a presque qu’en France où la consommation de rosé explose lors des retours des beaux jours. Dans le reste du monde, le rosé a aussi la cote en automne et en hiver.
Alors pourquoi buvons-nous quasi exclusivement du rosé l’été ? Tout cela est lié à la mutation du tourisme fin du XXe siècle. Les Français commencèrent à partir en vacances dans le Sud, grâce aux 5 semaines de congés payés et à la Nationale 7, la fameuse « route des vacances » qui reliait Paris à Menton. Ils découvrirent la joie de se « rafraîchir » en vacances avec du rosé de Provence, la boisson phare locale et… accessible !
C’est ainsi que la consommation estivale du rosé s’est ancrée dans l’esprit collectif et dans nos habitudes de consommation.
Une autre raison pour laquelle on boit plutôt du rosé l’été : la météo-sensibilité. C’est un phénomène qui démontre que nos habitudes de consommation changent dès lors qu’il fait beau ou moche ! Les vins rosés seraient particulièrement touchés, les vignerons ayant observé un pic de consommation lors de beaux jours, même en plein hiver !
8 - C'est quoi un rosé piscine ?
Star des photos Instagram chaque été, le « rosé piscine » est tout simplement un GRAND verre de vin rosé rempli de glaçons.
Vous voulez notre avis sur le sujet ?
Soyons honnêtes : les glaçons dans le verre de vin : c’est une hérésie ! Un bon vin ne nécessite aucun ajout.
Bref.
Le rosé dans la piscine, OUI.
Le rosé piscine, NON !
Si cet article vous a donné envie de déguster un bon vin rosé, venez nous rendre visite à la cave ! Rendez-vous chez Côté Vins au 87 avenue Pasteur à Villeneuve-lès-Avignon. Nous sommes à votre service pour vous trouver le vin parfait pour votre repas ou événement. Vous pouvez aussi découvrir notre sélection de vins et champagnes sur le site. Et si vous avez d’autres questions sur le rosé, osez la poser directement sur notre page Facebook Côté Vins !